Tiphaine Populu de La Forge

Solastalgia

(2022-2023)

Solastalgie : n.f néologisme construit sur l’anglais « Solace » dérivé du latin solacium signifiant « consolation, réconfort » et « algie », suffixe emprunté à « nostalgie » et se traduisant par « douleur » en français. Concept forgé en 2003 et théorisé en 2007 par Glenn Albrecht dans « Solastalgia : The distress caused by environmental change, Australian Psychiatry. Le philosophe de l’environnement a tenté de décrire le sentiment de profonde détresse que nous pouvons ressentir face au spectacle imposé de la dégradation de la nature et la prise de conscience de l’irréversibilité de nos actes. La solastalgie renvoie à la douleur de perdre son refuge, son lieu de réconfort. En 2019, le philosophe français Baptiste Morizot étend ce concept à notre condition face aux métamorphoses dues au changement climatique. Il décrit la solastalgie comme un « mal du pays sans exil ».

On nous le dit et le répète. Mais l'entendons-nous vraiment ? Notre système se fissure. Son architecture est sur le point de rompre. De COP en rapports du GIEC, les scientifiques alertent sur l’état global de notre planète, le dérèglement climatique, la chute de la biodiversité, la dégradation du sol, les pollutions et l’épuisement des ressources. Pourtant, ces questions fondamentales ne sont toujours pas la préoccupation principale de nos dirigeants. Or, sans volonté politique, les solutions proposées par les experts internationaux ne peuvent être mises en œuvre. Devant la destruction de notre environnement, nos réactions sont plurielles ; détresse, colère, tristesse, déni. La santé de la Terre impacte notre santé mentale, et inversement. Les obstacles qui nous séparent d’une réelle prise en main de notre avenir paraissent des murs infranchissables, et pourtant ils sont fissiles.

Exploration du concept de solastalgie, ce travail rapproche formellement deux échelles de perception. La première est subjective. J’ai photographié la projection de mes propres angoisses environnementales sur des murs en ruine qui pourraient être ceux de nos maisons, rejouent dans l’espace domestique le paradigme de la terre malade et matérialisent la complexité de notre rapport aux enjeux environnementaux. À ces « visions » j’adosse des vues objectives, détails d’images satellites alimentant Copernicus, programme de l’UE pour l’observation et la surveillance de la Terre (ESA).

(photographies argentiques et vues satellites issues des archives de l'Agence Spatiale Européenne)

 

Tirages pigmentaires aux formats 40*60 cm et 60*90 cm. Édition de 6.

2023

Exposition au festival Les Sténopédies, Chapelle de l'ancien Hôpital Général, Clermont-Ferrand, du 7 au 28/10

Finaliste pour la session #3 du Prix Mentor à Corbeil-Essonnes. 

Exposition au festival Itinéraires des photographes voyageurs, à l'Espace Saint Rémi (Bordeaux).

2022

Exposition au Festival Fictions documentaires, La Maison des mémoires (Carcassonne).

Projection à La Chambre (Strasbourg) dans le cadre du prix Archifoto.

Présélection pour le prix Dahinden Photoclimat.

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